~ Primavera 19 mars 2023 : « les mystères du labyrinthe », conférence par Andrée Lafon

L’autrice Montpelliéraine et romancière Andrée Lafon a publié plusieurs romans dont le dernier « Le repaire », roman à suspens se passe dans les Cévennes proches vient de paraitre chez l’Harmattan. Son roman « L’appartement » place le labyrinthe au centre de l’intrigue. Ses recherches sur les aspects symboliques et historiques des labyrinthes dans le monde ont nourri cette conférence qui rentre en écho avec le labyrinthe créé par Pierre Richer de Belleval, fondateur du Jardin des Plantes de Montpellier pour la culture de plantes ombrophiles. Nous vous livrons un extrait de la conférence :

« Le labyrinthe n’apparaît plus guère qu’à la page des jeux dans les journaux, alors qu’il a tenu une place importante dans l’histoire de l’humanité. Mais comment savoir ce que les hommes ont voulu signifier avec ce drôle d’objet, s’il s’agit d’un chemin pour se perdre ou pour se trouver ?

Il existe des labyrinthes naturels, qui ont pu servi de modèles. Il y a eu une mode des labyrinthes de jardin, à la vocation ludique ou esthétique. Les autres sont des décorations de surface, parfois immenses (dans les cathédrales) parfois minuscules (sur des monnaies et des gravures).

On peut faire dériver du labyrinthe une danse, celle qu’exécuta Thésée avec ses compagnons après avoir tué le Minotaure ; la corrida, jeu de vie et de mort dans l’enceinte close de l’arène ; de véritables jeux, tels la Marelle et le Jeu de l’Oie, typiques d’une pérégrination empêchée.

Le labyrinthe le plus célèbre est celui du mythe grec, que fit construire par son architecte Dédale le roi de Crète Minos pour y enfermer le Minotaure, monstre né de sa femme Pasiphaé et d’un taureau envoyé par Poséidon. Thésée en délivrera ses victimes, guidé par le fil d’Ariane.

Les diverses images du labyrinthe en font un symbole du chemin de la vie, de son parcours rempli d’embûches et de choix périlleux. Le corps, autant que l’esprit, recèle des zones tortueuses, et le labyrinthe en retraduit les complexités dans ses couloirs et dans son centre.

Les couloirs mettent en évidence trois dangers du chemin de la vie : la difficulté à y voir clair (en traversant des régions ténébreuses avant de déboucher sur la lumière), le caractère répétitif des situations rencontrées (éternel recommencement, vertige de l’infini) et la perte de repère qui en découle.

Le centre représente la fin de l’errance, le face-à-face avec soi-même, la lutte pour vaincre les basses pulsions qui nous habitent, Il est le lieu de notre moi authentique, qui s’ouvre à la spiritualité.

Le labyrinthe peut donc évoquer un simple itinéraire éducatif mais aussi un affrontement aux dangers du monde et de notre esprit, ou même une approche de la Mort. Pour certains une épreuve sans fin, pour d’autres un passage obligé pour mûrir. Bref, un chemin de Sagesse ».

Lire les récits et romans d’Andrée Lafon :

Radioscopie d’un créatif, L’Harmattan, 1997

La fille qui boudait, Encre Bleue Éditeur, 2003

Une mort passagère, Champ Social édition, 2006

L’Appartement, Lucie éditions, 2009

Retour à Rodez, L’Harmattan, 2012

Le Repaire, L’Harmattan, 2022

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