~Les Natures Mortes…Encore en Vies !

par Josiane Vidal

POLENTA et AUBERGINES par Jean-Baptiste Hugo

L’Association des Amis du jardin des Plantes a fait sa rentrée de septembre 2024, sur le thème « les Natures mortes…Encore en vies », qui s’est déplié en plusieurs évènements. Le Jardin des Plantes, lieu d’observation, de culture et de transmission des sciences du vivant s’y est particulièrement bien prêté.
L’Orangerie, toute restaurée, avec ses lignes épurées, a servi d’écrin à la superbe exposition de photographies de Jean-Baptiste Hugo, fils de Jean Hugo, arrière-arrière-petit-fils de notre illustre poète, « Natures Vives », qui s’est tenue du 20 septembre au 8 octobre 2024.
Par la grâce de l’arrangement singulier de l’artiste, fruits, légumes et objets du quotidien furent autant d‘évocations du vivant dans nos vies. Cette exposition a connu un franc succès. Une vingtaine de bénévoles enthousiastes ont assuré la permanence de l’exposition dans l’Orangerie qui a accueilli plus de 2000 personnes venues de France et du monde entier.

Plusieurs riches moments sont venus brillamment accompagner cette exposition :

  • le 25 septembre à 17h30, à l’Orangerie du Jardin, c’est Régine Detambel, auteure Montpellieraine, qui nous a invité à une lecture passionnante : « Colette, d’un règne à l’autre ». Elle nous a proposé un récit d’étonnantes métamorphoses végétales, autant d’images poétiques choisies dans l’œuvre très sensuelle de Colette, qui se mêlent, se pénètrent, bousculant les règnes.
    Bibliothérapeute et formatrice en bibliothérapie créative, Régine Detambel est l’auteure notamment de romans dont Sarah quand même (Actes Sud, 2023) et d’essais dont Lire pour relier. La bibliothérapie à pleine voix (Actes Sud,2023).
  • le 29 septembre après-midi, une douzaine d’artistes amateurs se sont retrouvés sous la houlette de Serge Müller, auteur illustrateur et botaniste écologue, pour composer une ‘’Nature ni morte ni vivante (ou un peu les deux à la fois) » à l’aquarelle et/ou au pastel sec ».
  • toujours le 29 septembre à 17h30, à l’Orangerie, Jacques Laurans, poète et écrivain Montpellierain, critique et auteurs de nombreux récits et essais, est intervenu sur le thème : « La vie intérieure d’une nature morte ». Il nous a invité à regarder la nature morte par une face, plus intime et mystérieuse qu’elle ne le laisse paraitre, par sa face cachée. Nous pouvons retrouver son texte sur le site consacré à l’actualité éditoriale de la poésie, « poesibao». Dernière parution : recueil de poésie, « D’un chemin perdu », Éditions Domens, 2023.
  • enfin, le 5 octobre à 14h30, à l’amphithéâtre Charles Flahault de l’Institut de Botanique, l’écrivain et psychanalyste, Gérard Wajcman a donné une conférence à propos de son livre, nous proposant une analyse exhaustive et novatrice de cet « art du portrait d’objet » que représente le genre de la nature morte : « Ni nature, ni morte. Les vies de la nature morte », Éditions Nous.

~28 octobre 2023 : « Nommer les plantes, c’est les voir ! Comment la botanique peut réconcilier Homo urbanus avec la nature », conférence par le Professeur John De Vos

« Nommer les plantes, par l’initiation à la botanique, permet de les voir. Ce constat simple, et sa mise en application permet de réaliser la diversité et la richesse de la nature qui nous environne, que ce soit en milieu sauvage ou en milieu urbain (les herbes folles). Ainsi, connaître le nom des plantes peut transformer une simple promenade en une expérience d’émerveillement face à leur complexité et leur beauté. Le promeneur peut facilement faire ce constat en se promenant dans l’arrière-pays montpelliérain au pied du Pic St-Loup, dont la garrigue est particulièrement riche. Ainsi, les citadins que nous sommes presque tous devenus peuvent prendre mieux conscience de la nature qui nous environne au cours de nos promenade, et aussi mieux comprendre les enjeux de préservation de l’environnement et s’en sentir responsable. » Professeur John De Vos, Faculté de Médecine – Université de Montpellier

photo de John De Vos

Pour aller explorer les garrigues, John De Vos vous conseille :

Philippe Martin, Collectif les Ecologistes de l’Euzière, 2015. La Nature Méditerranéenne en France. Collection « Les guides du naturaliste ». Delachaux et Niestlé.

~ 17 juin 2023 : « Francis Ponge, en quelques plantes de son jardin », conférence de Jacques Laurans

Nous avons eu le plaisir d’accueillir le 17 juin 2023, pour la dernière conférence de l’année, Jacques Laurans , poète et écrivain montpelliérain, qui est intervenu sur le thème : « Francis Ponge, en quelques plantes de son jardin ».

La conférence a consisté en un exposé général de l’œuvre de Francis Ponge, natif de Montpellier, à travers sa matière et son objet, avec notamment cet élément de base identifié comme « anti-poétique », mais qui ne s’oppose pas cependant à la poésie elle-même, et renvoie à une distinction essentielle sur la forme du langage et son mode d’expression singulier.
La réflexion a porté sur le travail du poète, qui par son approche et son développement, peut se rapprocher de la vocation d’un « Jardin des Plantes » : entre recherche et création ; entre étude et agrément.
Enfin, quelques exemples extraits de l’œuvre de Francis Ponge, à travers un choix de plantes et de végétaux appartenant à notre environnement naturel et à notre culture dans le paysage méditerranéen ont permis d’entrer dans l’œuvre proprement dite.

La conférence remarquable, par la qualité de son travail et son expression, a passionné et conquis l’auditoire. Nous remercions Jacques Laurans qui nous a permis de découvrir ou de revisiter cette œuvre si originale et stimulante. Il nous a ouvert des portes sans les refermer, nous invitant à lire et relire Francis Ponge avec un plaisir renouvelé.

Jacques Laurans, poéte et écrivain, a longtemps animé des ateliers d’écriture. Il est également critique et auteur de nombreux récits et essais. Son dernier recueil de poésie « D’un chemin perdu » est paru au printemps 2023 – éditions Domens.

Bibliographie non exhaustive :

Romans, Nouvelles, Récits :

Brune à l’encre rouge, éd. Le temps qu’il fait, 2018 (roman).

Sur la route d’un roman noir, éd.Envol, 2004 (roman).

L’Avant-Dernier jour, éd. Farrago, 2003 (roman).

Dans la salle obscure, éd. du Seuil, 1997 (récit).

La Beauté du geste, éd. Le temps qu’il fait, 1984, éd. POL, 1991 (roman).

La Bibliothécaire blonde, éd. Le temps qu’il fait, 1987 (nouvelles).

Poésie :

D’un chemin perdu, éd. Domens, 2023.

L’Image d’un autre monde, éd. Voix d’encre, 2016.

Ballades, éd. POL, 1989, rééd. POL 2010.

Essais :

Prose des sables, éd. Fourbis, 1995, 2016.

Père éternel, éd. Hermann, 2013.

La Beauté du geste, éd. POL, 2010.

L’Ombre pensive de Franz Kafka, éd. Théétète, 2001.

L’Habitation d’un poète : lectures de Joseph Delteil, illustrations Patrick Loste, éd. Atelier du gué, 1995.

Livres d’artiste, beaux-arts

Frère de ce monde, illustrations Martin Lafon, éd. Rivières, 2014 (livre d’artiste).

Pierre Soulages, trois lumièresL’interprétation du noir – Le calme après la tempête, éd. Verdier, 2009 (beaux arts).

Pierre Soulages, trois lumières, éd. Farrago, 1999 (beaux arts).

~ Primavera 19 mars 2023 : « les mystères du labyrinthe », conférence par Andrée Lafon

L’autrice Montpelliéraine et romancière Andrée Lafon a publié plusieurs romans dont le dernier « Le repaire », roman à suspens se passe dans les Cévennes proches vient de paraitre chez l’Harmattan. Son roman « L’appartement » place le labyrinthe au centre de l’intrigue. Ses recherches sur les aspects symboliques et historiques des labyrinthes dans le monde ont nourri cette conférence qui rentre en écho avec le labyrinthe créé par Pierre Richer de Belleval, fondateur du Jardin des Plantes de Montpellier pour la culture de plantes ombrophiles. Nous vous livrons un extrait de la conférence :

« Le labyrinthe n’apparaît plus guère qu’à la page des jeux dans les journaux, alors qu’il a tenu une place importante dans l’histoire de l’humanité. Mais comment savoir ce que les hommes ont voulu signifier avec ce drôle d’objet, s’il s’agit d’un chemin pour se perdre ou pour se trouver ?

Il existe des labyrinthes naturels, qui ont pu servi de modèles. Il y a eu une mode des labyrinthes de jardin, à la vocation ludique ou esthétique. Les autres sont des décorations de surface, parfois immenses (dans les cathédrales) parfois minuscules (sur des monnaies et des gravures).

On peut faire dériver du labyrinthe une danse, celle qu’exécuta Thésée avec ses compagnons après avoir tué le Minotaure ; la corrida, jeu de vie et de mort dans l’enceinte close de l’arène ; de véritables jeux, tels la Marelle et le Jeu de l’Oie, typiques d’une pérégrination empêchée.

Le labyrinthe le plus célèbre est celui du mythe grec, que fit construire par son architecte Dédale le roi de Crète Minos pour y enfermer le Minotaure, monstre né de sa femme Pasiphaé et d’un taureau envoyé par Poséidon. Thésée en délivrera ses victimes, guidé par le fil d’Ariane.

Les diverses images du labyrinthe en font un symbole du chemin de la vie, de son parcours rempli d’embûches et de choix périlleux. Le corps, autant que l’esprit, recèle des zones tortueuses, et le labyrinthe en retraduit les complexités dans ses couloirs et dans son centre.

Les couloirs mettent en évidence trois dangers du chemin de la vie : la difficulté à y voir clair (en traversant des régions ténébreuses avant de déboucher sur la lumière), le caractère répétitif des situations rencontrées (éternel recommencement, vertige de l’infini) et la perte de repère qui en découle.

Le centre représente la fin de l’errance, le face-à-face avec soi-même, la lutte pour vaincre les basses pulsions qui nous habitent, Il est le lieu de notre moi authentique, qui s’ouvre à la spiritualité.

Le labyrinthe peut donc évoquer un simple itinéraire éducatif mais aussi un affrontement aux dangers du monde et de notre esprit, ou même une approche de la Mort. Pour certains une épreuve sans fin, pour d’autres un passage obligé pour mûrir. Bref, un chemin de Sagesse ».

Lire les récits et romans d’Andrée Lafon :

Radioscopie d’un créatif, L’Harmattan, 1997

La fille qui boudait, Encre Bleue Éditeur, 2003

Une mort passagère, Champ Social édition, 2006

L’Appartement, Lucie éditions, 2009

Retour à Rodez, L’Harmattan, 2012

Le Repaire, L’Harmattan, 2022

~ 2022 : le bilan

Le renouveau de l’association a été principalement consacré à différentes tâches administratives. Notre présence lors de différentes manifestations (mois des jardins, journées européennes du patrimoine) nous ont permis de nous faire connaître, notamment auprès d’associations impliquées dans le Jardin. Nous avons organisé des premières visites sur les grands arbres du Jardin. Deux conférences ont été proposées : une première sur le Jardin Botanique par Emmanuel Spicq en novembre 2022, et une seconde en partenariat avec le Café Patrimoine et Architecture sur l’histoire du bâtiment de l’intendance par Thierry Lavabre-Bertrand en décembre 2022. Nous avons aussi contribué à des missions d’accueil lors d’une journée organisée par l’Université (partir en livre). Une convention entre l’association et l’Université a été rédigée et est en négociation, cette étape est indispensable pour cadrer les activités de l’association dans le Jardin